Pieces of my own private library of Alexandria… Hot Rod Pin-ups by David Perry

Bon, je vais reprendre mes mauvaises habitudes, et vous parler de photo. Vous aurez même droit de temps à autre à mes théories fumeuses sur la création artistique…

Mais pour aujourd’hui, je vais revenir sur une de mes obsessions favorites : la lecture. Ca fait pas loin d’un an et demi que je n’ai pas fait une séance photo digne de ce nom, et je ne vous cache pas que la reprise est loin d’être évidente.

Non, je n’ai pas d’états d’âme sur le fait d’avoir perdu la main, ou d’avoir oublié des pans entiers de la technique. La technique n’est qu’un véhicule qui vous mène où vous voulez aller, pour peu que vous sachiez plus ou moins le piloter, et que vous ayez acheté les accessoires indispensables à votre voyage. Je bosserai donc le temps nécessaire pour dérouiller le peu de technique que je possède et dont j’ai besoin.

Le processus créatif, une guerre perdue depuis longtemps ?

Le nerf de la guerre, ce n’est ni une ouverture de diaphragme, ni un angle de point de vue ou une profondeur focale.

C’est votre capacité à créer, à imaginer des histoires et à les mettre en scène… Et c’est là que la lecture intervient : feuilleter des livres de photo, découvrir ou redécouvrir de grands photographes, aimer, rejeter ou simplement parcourir leurs univers, analyser les clichés, sur le plan de la technique, de l’émotion, de la capacité narrative, voila comment on stimule sa fibre créatrice.

J’ai parlé de livres, pas de sites. Le fonctionnement d’Internet est celui de notre société d’archi-consommation. On nous montre ce qu’on a décidé de nous montrer. Pour mieux nous vendre de la technologie, du service et plus généralement nous obliger à passer le maximum de temps sur des écrans saturés de publicités. Il n’y a aucune raison pour que la photographie d’art déroge à la règle, bien au contraire. Sur fond de bataille industrielle pour imposer le téléphone comme l’indispensable appareil photo de chacun, ou telle application comme le prolongement naturel de vos photos personnelles, toutes les photos finissent par se ressembler.

Vous voulez faire de la photo vintage ? Allez hop, choisissez dans le tiroir des filtres vintage qu’on met à votre disposition. Vous voulez un post qui cartonne sur Snapchat ? Allez hop, le filtre spécial Snapchat donnera à votre photo la tonalité et la luminosité qu’il faut pour être comme tout le monde sur Snapchat. Vous voulez vous persuader que c’est à votre personnalité d’artiste que vous devez tout ça ? Laissez-vous simplement bercer par le message publicitaire ambiant: « réveillez l’artiste qui est en vous », « donnez libre cours à votre créativité »…

Rassurez-vous, une fois que tout le monde autour de vous en sera persuadé, il vous suffira de faire une photo passable de la Joconde pour clamer haut et fort que votre génie n’a rien à envier à celui de Léonard de Vinci.

La culture personnelle, ou comment remettre un pilote dans l’avion…

Si vous trouvez que j’y vais parfois un peu fort avec mes sous-titres, alors arrêtez de me lire et immergez vous dans le flot actuel.

La culture personnelle, celle qu’on va chercher et pas celle qu’on subit, est indispensable pour se réapproprier notre vraie personnalité. Pas celle qu’on nous suggère d’avoir – au travers des personnages de films, de pubs, d’émissions télé de grande audience qui nous fournissent les standards de référence -, ni celle qu’on déconseille d’avoir – le PAF véhicule une collection de clichés et de caricatures des anticonformistes assez impressionnante -.

Se cultiver, c’est rechercher, apprendre et chercher à comprendre. Comprendre pourquoi certains éclairages, certaines couleurs, certains cadrages et même certains défauts. Comprendre pourquoi certaines compositions, certaines mises en scène, certains messages. Comprendre pourquoi certaines photos nous marquent à jamais, et d’autres passent simplement de mode…

C’est votre culture personnelle qui vous permettra de dégager ce qui fait votre style propre, et non le style vendu par les grandes compagnies avec leur matériel toujours plus puissant, intelligent, convivial, communiquant…

98% de ce qui est vendu comme vintage actuellement n’est en fait qu’une interprétation que graphistes et designers modernes font du vintage. Effet vieilli, soleil japonais, palettes de couleur, polices de caractère, tout ces éléments n’ont qu’un lointain rapport avec les années auxquelles ils sont censés se référer. Des années où l’on n’aurait jamais vendu quelque chose d’usé, d’éraflé ou de corné. Où jamais les magazines n’ont eu ces teintes, et pour beaucoup, cette qualité d’impression. Où jamais le soleil japonais, les cerises et autres gimmicks graphiques actuels n’ont été autant présents…

Achetez des livres avec des photographies d’époque, de n’importe quelle époque, des livres de photographes de renom, d’art ou de reportage, peu importe. Faites-vous votre propre idée de la photo, dégagez-en ce qui vous plait et ce qui n’accroche pas…

Après, vous achèterez le matos et trouverez les techniques nécessaires à ce que vous souhaitez réaliser.

Mise en application : mes derniers achats…

Bon, ca faisait depuis quelques temps déjà que je lorgnais sur ces deux-là.

J’ai donc fini par me décider, et acheter Hot Rod Pin-ups I et II de David Perry. Deux ouvrages photo respectivement de 2005 et 2008, et qui regorgent de pin-ups et de caisses. Une certaine idée de la California way of life, version garages et gros moteurs bruyants, agrémentés de gentilles filles et de bad girls.

Voila, je ne vais pas vous en faire la critique ou le résumé technique, ni vous présenter David Perry, ni faire comme tout le monde et vous expliquer ce que vous devez en penser. Tout ce que je peux dire, c’est qu’ils valent le coup d’être achetés : ce sont des livres photo intéressants et bourrés d’images. 

Après, on s’en fout de savoir ce que j’en pense. Si vous voulez le savoir, eh bien regardez mes photos.

 

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