Les 5 trucs à la con qui caractérisent un artiste

Dis Monsieur, tu me dessines un artiste ?

Oh putain, voilà bien un concept de la mort qui tue de nos jours.L'artiste

Autant pour se prétendre photographe, il faut acheter (ou se faire prêter, la loose n’ayant plus de limites) un appareil photo, même pourri, mais se revendiquer artiste, alors là, c’est magique.

L’artiste n’a pas besoin de support pour exercer son art, et d’ailleurs, il n’a pas besoin d’exercer son art, vu que c’est un artiste.

Raisonnement implacable, surtout passé le deuxième pack de 6.

Si l’on examine un tant soit peu l’histoire de l’humanité, les militaires faisaient la guerre, les bouchers vendaient de la viande, les tailleurs confectionnaient des costumes, tandis que les artistes peignaient, composaient, chantaient, sculptaient et le plus souvent, crevaient de faim…

Le problème de nos jours, c’est que tout le monde se revendique artiste. Avec accessoirement un job, des études, des parents pour assurer le coup.

Voyons les choses en face : il n’y pas plus d’artistes qu’avant, on est juste dans un monde où les imposteurs et les mythomanes s’en donnent à cœur joie…

Après, on peut avoir une réelle démarche artistique, une vraie sensibilité artistique, un goût plutôt sur pour l’esthétique de tous bords, sans être obligé de se prendre pour le nouveau Warhol, ni de marquer « artiste » sur tous ses profils, sa boîte aux lettres et le pare-brise arrière de la voiture de sa mère.

 

Euh, de quoi on parle, déjà ?

A vos Aspegic, on attaque la définition du Larousse en ligne

Artiste –nom masculin- (latin médiéval artista, du latin classique ars, artis, art )

Les 3 définitions méga rabat-joie (vu qu’il faut un minimum d’investissement personnel)

  • Personne qui exerce professionnellement un des beaux-arts ou, à un niveau supérieur à celui de l’artisanat, un des arts appliqués.
  • Personne qui interprète des œuvres théâtrales, cinématographiques, musicales ou chorégraphiques : Artiste dramatique.
  • Personne qui fait quelque chose avec beaucoup d’habileté, selon les règles de l’art : Travail d’artiste.

La définition qui sauve définitivement 97% de ceux qui se proclament artistes (bon, il y a marqué « capable », ca veut pas dire qu’on en crée une, heureusement)

  • Personne qui a le sens de la beauté et est capable de créer une œuvre d’art : Une sensibilité d’artiste.

Ma définition préférée

  • (sens familier) Bon à rien, fantaisiste.

 

Allez, allez, on s’accroche : je vais vous livrer 5 trucs à la con qui caractérisent plutôt bien les artistes. Bien sur, c’est une liste « mais pas que », mais bon, on est dans un blog, pas dans un roman de Victor Hugo.

 

Les 5 trucs à la con qui collent vraiment à l’artiste

 

  1. La culture

Là, ca commence vraiment mal pour certains, et pourtant…Livres

Maîtriser le tag, le tattoo, la photo, ca commence par connaître les dieux du genre –ou ceux qu’on reconnaît comme tels-, analyser leur travail, leur technique et prendre là-dedans ce que l’on pense qui nous correspond vraiment. Voire transposer les influences d’autres artistes d’autres domaines…

L’art n’est pas juste une grosse improvisation avec un discours à la con vaguement issu de Wikipédia. Il nécessite de s’investir, d’apprendre, comprendre, assimiler et rejeter avant de pouvoir dégager ce qui fait notre personnalité artistique.

 

  1. L’originalité

Bon, je vais mettre les pieds dans le plat : reproduire à l’identique une photo, un style, c’est sans intérêt. Je ne parle pas d’analyser une photo ou décortiquer un style, ce qui enrichira votre culture ou votre maîtrise technique.

Je parle bien de reproduction. Avec le numérique, c’est devenu tellement simple. Les effets photographiques qui résultaient d’une vraie prise de risque et d’un vrai savoir-faire de la part du photographe sont maintenant disponibles sous forme de scripts gratuits, et pas mal pourris pour certains.

Si vous rajoutez les effets de mode (50% cerises / 50% têtes de mort), vous avez le kit complet du pseudo-artiste contemporain.

Résultat ? Quand un effet ou un style est à la mode, on le retrouve sur plus de 90% des photos du moment.

L’artiste est censé posséder une personnalité propre, un style, quelque chose qui fait que de loin, on reconnaît sa patte, sa signature… Parfois, il faut des années pour se façonner, et parfois, une vie ne suffit pas

 

  1. La maîtrise technique

François Boucher - Le peintre

François Boucher – Le peintre

Wé, je sais, encore un truc pas cool du tout, mais voilà : tous les grands artistes, du classique jusqu’à l’underground, ont toujours parfaitement maîtrisé la technique nécessaire à leur expression. Il n’y a pas de technique simple : il n’y a que des rendus simples.

A quoi ca sert la technique, me diront les artistes en herbe (80% Orange Bud, 20% gazon synthétique) ?

Ben, simplement à obtenir exactement ce que l’on a en tête. Ce n’est pas l’appareil, le matériel, les accessoires, le move ambiant qui décident de comment sera la création au final. C’est l’artiste.

Du coup, l’autodidacte n’a pas plus de facilités à émerger, il a surtout plus de travail pour ce faire. Quentin Tarantino n’a pas singé 3 films des 70’s à la con pour démarrer sa carrière, il s’est tapé toutes les pelloches de l’époque les yeux et l’esprit grand ouverts…

 

  1. L’évolution

Quand on suit un artiste que l’on aime, on cevolutiononstate chaque année des évolutions, dans la technique, dans les thèmes, dans la démarche artistique elle-même.

La remise en question, ce perpétuel déséquilibre, fait partie de la nature profonde de l’artiste. Rien n’est acquis, tout reste toujours à faire. Quand on constate que 10 ans plus tard, on fait toujours exactement la même chose, c’est que, soit l’on possède un style qui se vend très bien, soit l’on a posé définitivement les valises.

C’est aussi la malédiction de l’artiste, quelque chose qui peut le ronger au bout d’un temps, quand il a l’impression de ne plus rien pouvoir sortir (l’angoisse de la page blanche chez l’écrivain, par exemple).

 

  1. Les sacrifices

Sacrifice Inca pour que Canon et Nikon n'augmentent pas leurs prix

Sacrifice Inca pour que Canon et Nikon n’augmentent pas leurs prix

« Ah, t’as vraiment de la chance d’avoir un tel matos »

Mon matos de pro, je me le suis payé dans la période la plus noire de ma vie (expulsion, surendettement, et j’en passe). Pendant que tous ceux qui m’ont dit que j’avais de la chance sortaient boire un coup, s’achetaient un petit truc de déco, partaient en week-end à la mer/campagne/montagne, ben, je restais chez moi.

Après avoir payé mon loyer et les assurances, mon budget perso était le suivant : 10-15€ par semaine pour la nourriture, 15€ par mois d’essence.

Alcool, clopes, drogue, restos, spectacles, ciné, fruits et légumes frais, fringues : zéro euros.

Plus le Secours Populaire, les trucs trouvés dans la rue ou donnés via les sites à vocation sociale.

Alors bon, votre pote se prétend artiste et vous casse les burnes parce que son activité artistique est trop chère ? Qu’il fasse les sacrifices nécessaires ou qu’il passe à autre chose, ca soulagera vos burnes douloureuses pour un petit moment…

 

Les 5 idées reçues qui n’ont rien à voir avec un artiste

Dans le même registre, j’en profite pour vous livrer 5 idées reçues tout aussi à la con sur les pseudo-artistes. Vous commencez à comprendre : l’idée est toujours la même, à savoir endosser un costume d’artiste, sans avoir à faire le moindre effort pour le mériter…

 

  1. Le look

    Disney - all rights reserved

    Disney – all rights reserved

A ce niveau, il existe deux écoles :

  • je suis tatoué, piercé, dreadé, décalé, donc je suis forcément un artiste, et je vaux forcément mieux auprès de ma communauté que ceux qui ne sont pas lookés pareil
  • j’adopte le look de ce que je pense être un look de photographe (gilet de pécheur, chapeau, blouson en jean, costard-cravate, il y en a pour tous les gouts)

Euh, je sais, ça fait un peu con à dire, mais un artiste, c’est d’abord une production artistique avant d’être une représentation théâtrale.

 

  1. Le discours

Façade de cinéma

Façade de cinéma

Les discours, c’est ce que je préfère. Combien de discours artistiques ressemblent à une façade de cinéma. Le Louvres d’un côté, une tente de chez Décathlon juste derrière… Avant d’expliquer vos concepts flamboyants, mettez-les en œuvre.

Avant de se proclamer maître de la lumière, de la retouche ou je ne sais quoi encore, que votre pote apprenne déjà les bases du truc, ca fera moins ridicule et plus reposant pour tout le monde…

 

 

  1. Les like

facebook_like_butonJe ne vais pas vous faire un dessin. Certains et certaines sont prêt(e)s à tout pour faire le buzz. Ils/elles mettent systématiquement facebook_like_butondes like sous la photo de leur pote/copine/artiste de référence, rameutent leur tribu sur leur page, crient au scandale dès qu’il leur arrive la moindre contrariété, gueulent qu’ils arrêtent leur activité tous les mois, se font censurer/bannir chaque semaine…

Ces méthodes peuvent permettre d’atteindre 2000-3000 like sur une page assez rapidement.

Une belle photo d’un artiste qui a un petit relationnel, ca ramène combien ? Une dizaine de like à tout casser ?

Une photo de son assiette ou de ses pieds posés sur le bureau du patron, ca vaut entre 30 et 80 like (voire plus si vous êtes une fille célibataire), tout ça pour dire que les réseaux sociaux ne mesurent pas la beauté d’une oeuvre, juste le pouvoir de communication/copinage/nuisance de son auteur.

 

  1. L’alcool, la drogue, le mythe de l’artiste maudit

Pour cela, je vous conseille de jeter un oeil au livre dalcoole Stephen King « Écriture : Mémoires d’un métier », où il parle courageusement et honnêtement de ses addictions (alcool, drogues, médicaments).

L’alcoolique (et de manière générale, le défoncé, quelle que soit son mode de défonce) justifie le fait de boire comme l ‘élément indispensable à la création. Mais mince, il y a tant d’exemples dans l’histoire de l’art, c’est peut-être vrai ?

Ben non, c’est juste un truc d’alcoolique pour justifier et boire son prochain verre. La création n’a rien à voir là-dedans.

La défonce, ca peut paraître cool à ceux qui sont extérieurs à ce monde particulier, mais boire comme Van Gogh, ca ne fait pas de vous le nouveau Van Gogh, ca fait juste de vous un alcoolo de plus. Et dites à votre pote de ne pas essayer pour l’oreille, ca ne marche pas non plus…

 

  1. Le matos de pro

Le pMatosrincipe du matos de pro est simple : vous faites un chèque, une carte, un virement ou vous retirez en liquide le montant qu’il faut, et vous avez le matos.

Hélas, mil fois hélas, il ne suffit donc pas d’avoir le matos, ni même de savoir plus ou moins s’en servir pour être un artiste. Le matos n’est que du matos. Un marteau sert à planter des clous, ce n’est pas le marteau qui fait la charpente, c’est le charpentier.

Pour l’artiste, la démarche est toujours la même : 1- pourquoi je veux produire ? 2.- c’est quoi que je veux produire ?  3.- comment je vais le produire ?

Ah merde, le matos n’intervient qu’en dernier !

 

La super conclusion limite prix Nobel…

Très récemment, dans un groupe de Photographes et Modèles, je n’ai pu que remarquer quelqu’un qui avait mis « artiste retouche » dans sa présentation. Retouches du début du siècle, soupe de floutage gaussien avec yeux et bouche qui surnagent à la surface, enfin bref, j’ai envoyé un petit message privé très soft à la personne (ni cassant, ni méprisant) en lui conseillant d’améliorer sa technique en utilisant les procédés modernes habituels. Résultat : je me suis fait bloquer par l’artiste outragé, sans réponse aucune, bien sur.

 

Moralité 1

Avant que votre pote ne se baptiste artiste et commence à remplir  vos soirées bières/murs Facebook/après-midis pluvieux de discours autant fumeux qu’interminables, qu’il produise des oeuvres construites, maîtrisées, et qu’il profite de ses moments non alcoolisés pour réfléchir sur lui et sa démarche artistique.

Si c’est vraiment votre pote, dites-le lui. Ne le confortez pas dans son rêve éveillé. Sauf bien sur si c’est une fille que vous avez envie de vous faire, ou que vous souhaitez vous venger de lui depuis la maternelle…

Moralité 2

Ne pas avoir de vue critique sur la qualité de sa production, ne pas supporter les avis extérieurs (cela ne veut pas dire qu’on les suive), se choisir une petite cour de super potes/lèche-culs/parents proches… nombreuses sont les attitudes qui empêchent d’évoluer… Ne démarrez pas une activité en vous disant que vous serez le nouveau Warhol et que le monde se mettra naturellement à vos pieds tellement vous êtes pétri de talent. Que vous ayez du talent ou non, cela mettra des années à sortir.

 

Et si vous n’avez pas de don ou d’aptitude particuliers, mais que ce truc est votre vraie passion, je vais vous révéler un secret que j’ai découvert enfoui dans une tombe étrusque : le travail et l’implication personnelle remplacent très avantageusement le talent.

Bâtissez votre personnalité d’artiste comme vous bâtirez votre production : pas à pas, pierre par pierre

 

Et pour tous ceux que ca intéresse, je lancerai des formations et coachings (payants, désolé) sur la créativité personnelle appliquée à la photo en Septembre…

 

 

 

 

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